de Bernard Cerquiglini, 12 novembre  2020

Cher Philippe,

j’ai été touché de recevoir votre dernier récit (et non « roman »), Les gens de Saint-Josse, et vous en remercie.

Votre livre à donné du charme à une fin de semaine brumeuse et confinée.

Parlera-t-on de « litterature de confinement » ? Vous auriez alors d’eminents Ancêtres (Boccace, la brillante Marguerite de Navarre). Mais votre optique est davantage oulipienne : faire un roman de ce que l’on voit de ses fenêtres : un parc, quelques animaux, des détritus, de rares passants (en période confinée) inquiets.

L’inspiration passe alors par le nouveau roman (description minutieuse d’un parc), par le roman policier (davantage Colombo que Maigret, malgré la Belgirude), par l’etude Ethnographique du Bruxelles contemporain.

Occasion de jouer des codes littéraires, de reprendre plusieurs de vos thèmes préférés (les migrations, l‘échange des cultures, l’humanisme face à la barbarie).

Le tout dans une langue superbe, fluide, élégante, si certaine d’elle-même quelle se permet quelques superbes familiarités à la Giono. Du grand art...

Je vous en félicite et remercie. Bon travail pour ce deuxième confinement ! Il reste la jambe gauche...

Avec ma fidèle amitié,

Bernard

 

 

De Dominique Aguessy, Bruxelles, le 10 décembre 2020.

 "Philippe Cantraine nous avait souvent alléchés avec des voyages au long cours, jusqu'au bout du monde. Nous ensons à de précédents ouvrages tels :  Le Gouverneur des coquillages, ou Fort de Joux - Les derniers jours de Toussaint Louverture.

Cette fois, il nous ramène à la maison, à notre bonne ville de Bruxelles, que nous n'avons jamais fini de découvrir. Nous voilà en présence d'un auteur pour lequel la commune de Saint-Josse-Ten-Noode n'a plus de secrets. Il nous initie à une visite guidée, précise et détaillée, des rues, des commerces, des cafés tout en reproduisant avec art l'athmosphère particulière de chaque lieu visité.Nous voyons autrement ses ruelles surpeuplées et bigarrées, nous sommes heureux de reconnaître l'étal du marchand de fruits et légumes extiques qui occupe largement sa part de trottoir.Le square Marie-Louise, au centre du récit intrigue et intéresse par ses différentes caractéristiques que le passant ordinaire ne remarque certainement pas.

Presque comme un récit construit de récits gigognes, l'auteur suspend ses descriptions de leiux réels et nous entraîne dans une réflexion sur les problèmes de la migration, des réfugiés, des demandeurs d'asile. Différents statuts de personnes déplacées que l'on a tendance à confondre, dans un rejet global de leur situation de précarité. Des mots forts et justes pour déconstruire les préjugés ouvrent la deuxième partie (pages 85 et suivantes). des remarques pertinentes : "Deux citoyennetés, l'ancienne et la nouvelle, se chevauchent, ne se succèdent pas forcément, ou parfois s'excluent". Ou encore : "La religion tient lieu de patrie et on la transporte avec soi partout où l'on va." "Les hommes qui ont perdu leur patrie et leur foyer, consevent le droit d'avoir des droits." Après tous ces problèmes véhiculant leur pesant de drames, l'auteur nous congédie avec humour. "Damien Depauw, après cette longue tirade, alla dormir."

Le récit peut reprendre sa trajectoir epropre. Une découverte macabre dans un parc. Suspendue à une branche, la jambe amputée d'une femme. L'enque parviendra-t-elle à élucider cette énigme.

Je me suis amusée de clins d'oeil au Bénin,un pays de chamans, dde vrais et de faux, aux pratiques divinatoires et incantatoires encore d'actualité.

L'auteur revient à une trame du récit qui lui est familière, quand le réel et l'illusion fusionnent, les citations d'un chaman percutent les résultats de laboratoire de la policie scientifique, laissant le lecteur aux prises avec ses incertitudes."

 

 

De Joseph Bodson, in AREAW, novembre 2020

Un pied dans un vers, cela importe beaucoup, paraît-il ? Mais qu'est-ce qu'une jambe dans un arbre ? Et d'abord, que vient-elle y faire ? j'ai au moins appris dans ce livre l'existence de deux grands peuples que j'ignorais, deux grands peuples qui ont une langue, une religion qui leur est popre : les Gédis au Gabon et en Haïti, puis les Xhsas en Afrique du Sud.

Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres... Ce récit qui démarre, semble-t-il, avec une extrême lenteur, vous entraine de fil en aiguille, de l'étude sociocommune bruxelloise, Saint-Josse-Ten-Noode, (en partie phagocytée par Bruxelles-Ville qui lui a chipé ses squares), une commune bigarrée s'il en fut, à deux pas de quelques quartiers bien plus anciens et plus huppés. ils s'entremêlent d'ailleurs quand le soir tombe, et la nuit après lui : ce ne sont bruits, murmures et chuchotements.

Traité aussi de psychologie policière. Je ne sais d'ailleurs où il est allé se documenter, ce diable d'homme de philippe Cantraine, mais cela sonne drôlement juste. Il est vrai que le polar a de la branche, depuis l'antiquité grecque, d'où découlent déjà deux grandes écoles, l'école oedipienne, toute faite d edéductions et d'oracles, quand ce n'est pas de psychologie des profondeurs, et celle d'Apollon, dont le petit frère, Hermès, alors qu'il n'avait pas d'âge (on commence tôt dans la famille), avait chipé le troupeau de boeufs et l'avait fait marcher à recuons pour brouiller les pistes. D'où sans doute l'herméneutique. Et cela allait continuer, ence ramifiant, d'hercule Poirot à Maigret, pour aboutir à la Série noire et à James Bond.

Et avec cela, un grand coup de coeur, le square marie-louise,, où il a établi sa demeure (c'est toujours de Philippe cantraine que je parle, et pas de james bond) ; un square tout peuplé d'étangs et d'oiseaux de toutes sortes... J'allais oublier, vous y trouverez aussi deux vibrants plaidoyers, l'un pour les migrants, l'autre pour les oiseaux, qui ne sont pas réunis ici par le seul hasard.

Plutôt qu'un plaidoyer ou un exposé, c'est, passez-moi le terme, une véritable mise à plat : les problèmes, les gens, les choses, tels qu'ils sont réellement. pas de et tout ce qui les amène à se gripper : le mépris de la nature, le mépris des gens, et c'est à nous, lecteurs, qu'il appartient d'en faire le bilan.proclamations grandiloquentes, non, mais bien l'avis des experts, avec le pour et le contre. Il n'a pas son opinion faite dès le point de départ, mais au fur et à mesure que le récit avance, il démonte pour nous les différents rouages de notre société et tout ce qui les amène à se gripper : le mépris de la nature, le mépris des gens, et c'est à nous, lecteurs, qu'il appartient d'en faire le bilan.

un personnage important encore : Carlos Ignacio Mendoza, brillant informaticien à la Commuanuté, devenu après sa pension maître en ornithologie, passionné lui aussi par ce square. un square devenu, on le voit, un véritable carrefour stratégique.

Pourquoi donc ? Je retrouve à la fin de mes notes une phrase que j'ai encadrée, comme si elle résumait le tout. l'ennui, c'est que je ne sais plus de qui elle est... De Farid, le réfugié syrien vers qui les soupçons s'étaient d'abord orientés ? De Carlos Ignacio Mendoza ? plus logiquement de Philippe Cantraine lui-même ? Ou de moi, votre serviteur, résumant ainsi ses impressions de lecture ? Dieu mourra par les petits oiseaux.

Imaginez un peu un nouveau déluge - nous n'en sommes pas loin -  notre père Noé n'aura plus ni corbeau, ni colombe à envoyer en éclaireur. Et nous voilà condamnés à errer sans fin, dans l'espace infini des temps et des lieux... Si j'ai commis ainsi un plagiat, je ne puis mieux me faire pardonner qu'en citant l'auteur, à la fin de son livre : Les hommes imparfaits se sont arrogé un savoir et un droit à sens unique. Et, regrettera l'amateur d'oiseaux, l'univers des animaux et des pierres saignées par les travaux d'exploitation en est resté malencontreusement muet... Mais ceux, parmi les femmes et les hommes, qu'on sait logés à la même enseigne, tous ceux qui, parce qu'ils sont faibles et assujettis, restent également muets ? Dans cette histoire en feuilles et en plumes, en toute défiance des bonimenteurs enrôlés par les populismes et à rebrousse-poil des exploitants des mines et des forêts, quelle place accorder à ces femmes et à ces hommes qui n'en disent pas plus que les oiseaux : migrants détroussés de la route, plongeurs africians des cuisines, éboueurs et jardiniers, tous ceux des petits métiers indispensables  et mal rémunérés qui, ici ou là, ont posé le pied où simplement survivre ou recommencer leur vie, tous sujets de questions qui mettent leur honneur dans une recherche du bonheur digne et propre ? 

                                                                                                   Joseph Bodson